The Swiss @ jazzahead! 2024 – Rétrospective

jazzahead! 2024 ⎪ 11–13 avril ⎟ Brême (DE)

Une forte présence suisse lors de la 18ème édition du jazzahead!

Le plus grand salon de jazz du monde a lui aussi montré que le besoin de se rencontrer «en chair et en os» est resté intact après les années de pandémie.

L’année dernière, le stand SWISS MUSIC a déjà enregistré un nouveau record avec 57 accréditations, et en 2024, ce chiffre a encore été dépassé avec 60 participant·e·s. Les réactions des visiteurs et visiteuses du stand ont également montré que la présence à Brême, organisée une fois de plus en collaboration avec la FONDATION SUISA, Pro Helvetia et SONART – Association Suisse de Musique, est extrêmement importante pour la scène suisse. Le business musical s’est visiblement durci, notamment parce que le déséquilibre entre vendeurs et acheteurs n’a pas diminué. C’est pourquoi, pendant ces quatre jours, les participant·e·s professionnel·le·s ont mis l’accent sur le réseautage à long terme. Le stand suisse offrait à cet effet un «chez soi» idéal.

Live acts et autres activités suisses au jazzahead! 2024
La Suisse a également pu se faire entendre en live: La chanteuse, pianiste et compositrice YUMI ITO et son trio ont enthousiasmé le public lors de son showcase, et le pianiste CLAUDE DIALLO a eu l’opportunité de se présenter à un public international dans le cadre de la Clubnight. Un point central des activités suisses a également été le coup de pouce unique apporté au nouveau label UNIT Records. Andreas Waelti et Luca Sisera ont repris l’an dernier la marque de ce label suisse riche en traditions. Avec l’aide du stand SWISS MUSIC, le duo a pu faire connaître son nouveau label aux participant·e·s professionnel·le·s et au public lors du plus important rendez-vous international du jazz.

YUMI ITO
Photo ©Maria Jarzyna
CLAUDE DIALLO
Photo ⓒNina Chen
UNIT Records⎥Waelti – Sisera
Photo ⓒAndi Schnoz


La tendance au long terme et à la durabilité était clairement perceptible au jazzahead! Différentes approches ont été évoquées, comme la possibilité d’un «green-touring». Cela montre que le salon, sous la houlette de son nouveau et virevoltant directeur artistique Götz Bühler, se préoccupe de l’avenir. Et cela est bien nécessaire au vu des défis auxquels le marché de la musique est confronté.

La 19e édition de jazzahead! aura lieu du 24 au 27 avril 2025.

jazzahead! 2024 en chiffres:

  • 2’985 participant·e·s professionnel·le·s
  • 66 nations participantes
  • 14’490 visiteuses et visiteurs

SWISS MUSIC @ jazzahead! 2024 en images:

Winners «Best Swiss Video Clip» 2024

Le 23 mars dernier, la FONDATION SUISA et les Journées de Soleure ont décerné leur prix «Best Swiss Video Clip» lors du m4music Award Show du Festival de musique pop m4music à Zurich. Au total, 470 artistes ont soumis leurs vidéos musicales pour le «Best Swiss Video Clip» 2024. Les deux prix, le prix du jury et le prix du public, dotés de CHF 5’000.- chacun, sont sponsorisés par la FONDATION SUISA.

PRIX DU JURY

Parmi les cinq clips nominés, le prix du jury «Best Swiss Video Clip» 2024 a été attribué à «Low Lower Son» d’ELFRID THE THIRD & IVAN EYES feat. Legion Seven de Bâle et Berlin. La réalisation est assurée par JANIS POLAR de Bâle.

Selon le jury, le clip développe un incroyable effet d’attraction: «La vidéo fascine le public et l’emmène dans un monde imaginaire. À chaque fois, «Low Lower Son» éveille la curiosité avec un point de vue inhabituel sur des images en apparence familières. Ce voyage est intensifié par la musique hypnotisante, de sorte que la vidéo reste une expérience captivante même après un deuxième, troisième ou quatrième visionnage.»

Les cinq clips en lice pour le prix du jury 2024 ont reçu un montant de CHF 2’000.- chacun, sponsorisé par la FONDATION SUISA:

  • «Berger» de MEGA, SO LA LUNE, AU6I ⎥ Réalisation: Tymen Goetsch
  • «Dancemorethinkless» de CABLESALAD ⎥ Réalisation: Naïma Winkler, Leon Cremonini, Yannick Scherer
  • «Fäschtmol» de TO ATHENA ⎥ Réalisation: Larissa Odermatt, Tiffany Limacher
  • «Low Lower Son» de ELFRID THE THIRD & IVAN EYES ⎥ Réalisation: Janis Polar
  • «Light Light» de PRONTO ⎥ Réalisation: Maximilian Speidel

PRIX DU PUBLIC

Lors du vote public en ligne, la vidéo «Thunfisch» de BOYSEL s’est imposée face aux 15 autres clips et reçoit ainsi le Prix du public «Best Swiss Video Clip» 2024.

BOYSEL est la collaboration de Manuel Meisel (Anna Rossinelli) et de Sebastien Bolli (Dave From Hollywood) de Bâle avec des clips vidéo animés de Kilian Vilim et Etienne Mory. SEBASTIEN BOLLI a assuré la réalisation.

Winners «Demotape Clinic» 2024

Le groupe zurichois MANIC PIXXIES remporte le prix de la relève «Demo of the Year» 2024

La 26e édition du m4music, le festival de musique pop du Pour-cent culturel Migros, a célébré pendant deux jours la création musicale suisse sur cinq scènes avec des shows de plus de 40 artistes de Suisse et de l’étranger, près de 1’600 professionnels accrédités et plus de 5’500 visiteurs. Une occasion de mettre en lumière une relève musicale suisse en pleine effervescence. Les songs les plus prometteurs ont été récompensés dans les catégories Pop, Rock, Lyrics & Beats, Electro et Out of Genre. And the winners are…

DEMO OF THE YEAR 2024

Dans le cadre de l’édition m4music 2024, le groupe MANIC PIXXIES, composé de six musiciennes, a impressionné le jury et remporte avec «Pissing Outside the Bandroom» non seulement les FONDATION SUISA Awards dans la catégorie Rock, mais également le titre suprême de Demo of the Year, doté de CHF 5’000.-.

Le jury du m4music a été convaincu par leur song, brut et débordant de créativité, qui porte le merveilleux nom de «Pissing Outside the Bandroom». «Derrière ce morceau se cache un jeune groupe qui crée une esthétique forte avec des moyens limités. Il combine différentes langues, écrit des chansons aux couches multiples et ne se perd pas dans différentes directions, mais présente une vision claire», déclare le jury pour justifier son choix. Il est convaincu que l’attribution de ce prix et de l’argent qui l’accompagne arrive au moment parfait et que Manic Pixxies enrichira l’avenir musical.

FONDATION SUISA AWARDS 2024

Les FONDATION SUISA Awards 2024, d’une valeur de CHF 3’000.- chacun, ont également récompensé cinq groupes dans les catégories suivantes:

  • Catégorie PopSAMI GALBI (VD) avec «Dakchi Hani»
  • Catégorie RockMANIC PIXXIES (ZH) avec «Pissing Outside the Bandroom»
  • Catégorie ElectronicPOLAR STAR (GE) avec «UME»
  • Catégorie Lyrics & BeatsSENTO (ZH) avec «Impulse Control»
  • Catégorie Out of GenrePRON0IA (BE) avec «This M Body-ed [2]»
POP ⎪ SAMI GALBI
ROCK ⎪ MANIC PIXXIES
ELECTRONIC ⎪ POLAR STAR
LYRICS & BEATS ⎪ SENTO
OUT OF GENRE ⎪ PRON0IA

Jul Dillier: comme une déambulation dans une salle des miroirs

Série de portraits «Get Going!» 2022

Jul Dillier, Flora Geiẞelbrecht et Bernhard Hadriga avec EI GEN KLANG ⎪ Photo ©Maria Frodl


De l’œuf naît le mot, du mot le son et du son une œuvre baptisée Ei.Gen.Klang. La performance multisensorielle à base de sons, de mots et d’images a été créée par Jul Dillier, Flora Geißelbrecht et Bernhard Hadriga. Une contribution «Get Going!» de la FONDATION SUISA l’a aidée à voir le jour.

Jul Dillier est chercheur de sons. Son regard est sans cesse animé par la curiosité et l’envie de découverte. Par une perception du monde comme un terrain de jeux, un lieu d’aventures qui invite à une exploration topographique par le mot et le son. Il va bien entendu de soi que cette approche engendre des questionnements philosophiques. «Je voulais me pencher sur l’origine ou le début, tant au sens musical que linguistique. Mais aussi sur le début du monde, le début de la vie, le début de l’humanité», explique Jul Dillier à propos de la motivation initiale de ce projet.

Le chercheur est issu d’une famille férue de langue originaire du canton d’Obwald. «Mon père était réalisateur de feuilletons radiophoniques, mon frère est libraire, ma sœur est pédagogue de théâtre et ma mère est logopédiste.» Il est le mouton noir de la famille, raconte-t-il en riant, puisqu’il a choisi la musique: il est devenu pianiste et batteur. Mais les mots sont restés, et surtout les sons qu’ils produisent.

Quand la pandémie de COVID-19 l’empêche de faire la navette entre sa ville adoptive, Vienne, et la Suisse centrale, il décide de suivre le master de jazz et de musique improvisée à Linz. C’est là qu’il rencontre l’altiste, vocaliste et parolière Flora Geißelbrecht et le guitariste et vidéaste Bernhard Hadriga, qui effectue également des études de microbiologie et de génétique parallèlement à celles de musique. Lorsqu’ils se réunissent pour définir le point de départ du projet, c’est Flora Geißelbrecht qui déclenche le processus créatif en évoquant simplement «l’œuf». «C’était comme un Big Bang et ce n’est sans doute pas un hasard si le théoricien de l’origine de l’univers George Lemaître a utilisé le concept d’‹œuf cosmique›», explique Jul Dillier.

Les associations sont alors sans fin. L’œuf, qui se dit «Ei» en allemand et se cache dans de nombreux mots sous forme de diphtongue, ouvrait des champs linguistiques, musicaux, mais aussi philosophiques et historiques infinis, dans lesquels les possibilités d’improvisation jaillissaient comme une déambulation dans une salle des miroirs. Les trois admirateurs des acrobates de la langue que sont Ernst Jandl ou Kurt Schwitters commencèrent ainsi à jongler avec des jeux vocaux, mais aussi à sonder d’autres domaines: «La forme de l’œuf, l’œuf de poule comme aliment, l’œuf de la femme… l’œuf produit un nombre de liens considérable aux niveaux de sens les plus variés», commente Flora Geißelbrecht. Et Jul Dillier de compléter: «Il est aussi à l’origine des innombrables mythes de la création qui nous travaillent.»

Face à une explosion créative comme celle-ci, le risque est grand de voir l’arbre cacher la forêt. Le trio en avait bien conscience. «Nous nous sommes forcés assez tôt à suivre une systématique rigoureuse», raconte Bernhard Hadriga. «La contribution de la FONDATION SUISA nous a permis de créer une sorte de laboratoire artistique, où nous pouvions mener nos expériences et nos recherches.» Jul Dillier ajoute: «Nous avons eu recours à des techniques de composition et d’improvisation pour réfléchir à la façon ludique ou narrative, sonore ou visuelle) dont nous souhaitions mettre en œuvre un aspect donné.»

Le nom de la pièce a aussi servi de guide: «Ei.Gen.Klang» est jeu de mots sur les termes allemand «Ei» (œuf), «Gen» (gène) et «Klang» (son), dont la somme («Eigenklang», sonorités propres) souligne aussi que l’œuf, dans sa forme et son sens, évolue constamment en direction du son. Il a également été évident dès le début que le projet aboutirait à une performance d’une heure. L’espace sonore et scénique tridimensionnel a volontairement été étendu au facteur temps, afin que l’univers ne s’étire pas irrémédiablement. En dépit des premières réussies d’Ei.Gen.Klang à Lucerne en décembre et à Vienne en janvier, le trio continue de jouer sur les états physiques vers lesquels la pièce peut sans cesse évoluer.

Rudolf Amstutz


juldillier.ch
instagram.com/ei.gen.klang
youtube.com/@EiGenKlang

Portrait arttv
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JUL DILLIER

21.03.2022


«Get Going!», une offre d’encouragement de la FONDATION SUISA, existe depuis 2018. Cette nouvelle forme de contribution à la création permet de financer des processus créatifs et artistiques qui se situent hors des catégories usuelles. Chaque mois, nous présentons l’une ou l’un des bénéficiaires des contributions «Get Going!» 2022.

Best Swiss Video Clip 2024: le vote en ligne commence

PRIX DU PUBLIC – VOTEZ POUR VOTRE CLIP FAVORI!

La course au titre de meilleur clip musical est ouverte: La FONDATION SUISA, les Journées de Soleure et m4music, le festival de musique pop du Pour-cent culturel Migros cherchent le «Best Swiss Video Clip 2024». Un prix du jury et un prix du public sont mis au concours.

Vous avez jusqu’au 30 janvier 2024 pour voter pour votre clip préféré parmi les 17 nominés:

  • «Lullaby For Robots» de Xewin, Steve Cabasets, réalisation: Marianne Heele, Eglantine Bacro 
  • «Walkie Talkie» de Ikan Hyu, réalisation: Timo Raddatz
  • «Casino (Drink)» de Matilde, réalisation: Nicolò Faietti
  • «Be Aware» de Phoam, réalisation: Mei Fa Tan
  • «Berger» de Mega, Au61, So la lune, réalisation: Tymen Goetsch
  • «Food» de Oukn Sokio, réalisation: Pascal Consiglio 
  • «dancemorethinkless» de Cablesalad, réalisation: Naïma Winkler, León Cremonini, Yannick Scherer
  • «Underwater» de Cyril Boehler, Fiona Daniel, réalisation: Fabian Troxler
  • «Fäschtmol» de To Athena, réalisation: Larissa Odermatt, Tiffany Athena Limacher 
  • «Thunfisch» de Boysel, réalisation: Kilian Vilim, Etienne Mory 
  • «Kopfkarussell» de Peter Pana, réalisation: Remo Schluep 
  • «Souris chérie» de Barrio Colette, réalisation: Anissa Cadelli 
  • «Second Sun» de Peace Is Just A Break, réalisation: Jonas Lacôte 
  • «Low Lower Son» de Elfrid The Third & Ivan Eyes, réalisation: Janis Polar
  • «Light Light» de Pronto, réalisation: Maximilian Speidel
  • «Lonely Bird» de Dirty Sound Magnet, réalisation: Léonie Gottraux, David Pavlik
  • «Daydreamin’» de Shuttle, réalisation: Grégoire Pasquier


VOTEZ DÈS MAINTENANT!

Le prix du jury et le prix du public du «Best Swiss Video Clip» 2024 chacun dotés de CHF 5’000.-, sont offerts par la FONDATION SUISA. Le nom des lauréat-es des deux prix sera dévoilé début mars. Les prix seront remis en live lors de l’Award Show du festival m4music le samedi 23 mars 2024.

jazzahead! 2024 – Inscription


Inscrivez-vous dès maintenant au stand collectif SWISS MUSIC ⎪ 11–13 avril, Brême (DE)

Les professionnels internationaux du jazz se réuniront du 11 au 13 avril 2024 à Brême dans les halles et devant les scènes de showcases de jazzahead!, le plus grand salon de jazz d’Europe. Une formidable opportunité pour les professionnel·le·s suisses de la musique de se mettre en réseau et pour les groupes helvétiques de se présenter à un public international de passionné·e·s de jazz – Inscrivez-vous dès maintenant comme co-exposant·e au stand SWISS MUSIC:

STAND COLLECTIF SUISSE


Vos avantages en tant que co-exposant·e du stand collectif SWISS MUSIC:

  • Accréditation à tarif préférentiel: EUR 155 au lieu de EUR 185 (hors TVA de 19%)
  • Plus grande visibilité au salon
  • Libre utilisation du stand comme plateforme de rencontre et de présentation

Le stand SWISS MUSIC est un partenariat entre la FONDATION SUISA, la Fondation suisse pour la culture Pro Helvetia et SONART – Association Suisse de Musique.

Et voici comment procéder:
Délai d’inscription: 27.03.2024

  1. Créer un profil utilisateur ou se connecter:
    Cliquez sur S’INSCRIRE AU STAND SWISS MUSIC (ci-dessous)
  2. S’inscrire en tant que co-exposant·e du stand collectif suisse:
    Veuillez indiquer les informations suivantes:
    – Co-exposant·e de: FONDATION SUISA
    – Numéro de stand: 6B35
    – Code de réduction: 24R1GEMT (Cela réduira le tarif à EUR 155.)

Une fois inscrit·e, accédez
au PORTAIL DES PARTICIPANTS
aux CONDITIONS DE PARTICIPATION

Pour toute question concernant l’inscription, contactez
Malena Drela:
drela@jazzahead.de

Pour toute question concernant le stand, contactez
Marcel Kaufmann:
swissmusic@fondation-suisa.ch

En cas de nombre insuffisant d’inscriptions, la FONDATION SUISA et ses partenaires se réservent le droit de retirer leur offre de soutien à tout moment jusqu’au début du salon.

DÉLAI D’INSCRIPTION: 27 mars 2024

SHOWCASES


Le délai de dépôt de candidature pour un showcase au festival showcases de jazzahead! a expiré au 18 octobre 2023.

Mario Batkovic, à l’aventure en terre inconnue

Série de portraits «Get Going!» 2022 

Mario Batkovic ⎪ Photo ⓒRob Lewis


Mario Batkovic est explorateur et jongleur de sons, inventeur, compositeur et multi-instrumentiste. La recherche de sons encore inconnus prend énormément de temps. C’est l’une des raisons pour lesquelles la FONDATION SUISA le soutient par une contribution «Get Going!».

«En réalité, déclare Mario Batkovic, l’accordéon n’est pas un instrument fait pour les grandes scènes. Mais avec ça, dit-il avec le sourire et en montrant un amplificateur fait maison, cela marche très bien.» Le visage de son créateur rayonnant de joie, le refuge de l’artiste au PROGR de Berne se met à vibrer, donnant la chair de poule aux auditrices et auditeurs. Mais ce n’est pas tout ce que son atelier a à offrir, loin de là. Outre un coin pour les enregistrements studio, tout ce qu’on y trouve peut générer des sons, que ce soit un piano préparé ou une brosse à dents électrique permettant de produire des sons sur les cymbales de la batterie. Mario Batkovic présente avec passion ses instruments, qu’il bricole sans cesse afin d’obtenir des sons. «Les sons, déclare-t-il, sont tous déjà là. Si on les manipule avec amour, ils viennent à nous.» La musique, poursuit le Bernois, ne peut pas être réinventée. «Mais je peux essayer de créer de nouvelles choses avec ce qui est déjà là.» Mario Batkovic se décrit comme un rêveur professionnel. «J’essaie de transformer ce qui existe dans ma tête en réalité.»

Né en Bosnie, il est arrivé en Suisse avec sa famille suite aux troubles dans les Balkans. Il était alors âgé de onze ans. Dans son pays d’origine, il avait déjà des sons plein la tête, qu’il concrétisait au moyen d’un accordéon. «À l’écart de la société de consommation, l’accordéon était un jukebox, un DJ, un artiste solo.» C’est pourquoi il est toujours resté fidèle à cet instrument. «Non, c’est faux, réplique-t-il, c’est l’accordéon qui m’est toujours resté fidèle.»

Son rapport aux sons et aux instruments reflète l’humilité avec laquelle Mario Batkovic aborde la musique. Son exigence d’honnêteté vis-à-vis de ses sons est si grande que toute nouveauté doit être subie: «Ce n’est pas pour rien qu’on parle de passion», déclare-t-il en souriant.

Il a étudié à la Haute École de musique, théâtre et médias de Hanovre et à l’Académie de musique de Bâle. Toutefois, tant dans ces universités renommées que sur la scène bernoise, Mario Batkovic s’est souvent senti à part, car lui et sa musique ne rentrent dans aucune catégorie. Il oscille entre punk et poésie, en passant par l’ambiant, la noise, le métal ou la musique sacrée. Aucun de ces genres ne lui correspond, ou plutôt, dans sa conception de la musique, tous à la fois. En mai 2024, il jouera de nouveaux morceaux avec l’Orchestre symphonique de Berne. Dans les médias internationaux tels que le magazine Rolling Stone, il est considéré comme un grand avant-gardiste du fait de sa polyvalence. Il compose de la musique de film, sort des albums solos sur un label indépendant britannique et écrit de la musique pour orchestre, pour jeux vidéo ou pour des groupes tels que Stiller Has. Mais en fin de compte, peu importe quand, où, comment et pour quelle raison la musique voit le jour. Elle fait partie d’un tout; c’est le résultat d’un rêveur professionnel, d’un possédé. D’un homme qui rend audible l’inaudible et qui dit à son sujet: «Je n’essaie pas de me découvrir à travers la musique, mais plutôt de ne pas me perdre dans celle-ci.» 

«Cependant, les gens oublient souvent que chaque nouveau projet demande énormément de temps», ajoute-t-il. Pour les explorateurs comme lui, qui préfèrent partir à la découverte de terres inconnues, le temps est le bien le plus précieux. Il est donc très heureux que deux contributions lui aient été accordées, indépendamment l’une de l’autre: la contribution «Get Going!» de la FONDATION SUISA et le Prix suisse de musique.

Un homme et un accordéon au milieu du XXIe siècle et ses technologies, cela ressemble peut-être à un anachronisme, pour lequel il n’est pas facile de trouver une place fixe dans l’art contemporain à une époque comme la nôtre: «C’est possible qu’il y ait eu de temps en temps des personnes avec les bons instruments au bon endroit et au bon moment. Pour moi, ce n’a pas été le cas. J’ai dû d’abord créer mon propre monde.» Son humilité à l’égard de la contribution de la FONDATION SUISA et du Prix suisse de musique est donc d’autant plus grande, déclare-t-il. 

Par ailleurs, il préfère faire l’éloge d’autres personnes que parler de soi-même. À la fin de l’entretien, il ne se prive donc pas de louer son plus grand héros, l’«anarchiste» Ludwig van Beethoven, et ses sonates pour piano révolutionnaires: «Toute une vie ne suffit pas pour s’immerger complètement dans ces 32 chefs d’œuvre magistraux.»

Rudolf Amstutz


batkovic.com

Portrait arttv
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MARIO BATKOVIC

10.01.2024


«Get Going!», une offre de soutien de la FONDATION SUISA, existe depuis 2018. Cette nouvelle forme de contribution à la création permet de financer des processus créatifs et artistiques qui se situent hors des catégories usuelles. Chaque mois, nous présentons l’une ou l’un des bénéficiaires des contributions «Get Going!» 2022.

«Get Going!» 2023 ⎥ Les bénéficiaires

Cette année encore, l’appel à projets pour une contribution «Get Going!» a suscité un grand écho. Plus de 220 dossiers provenant de toutes les régions du pays et de tous les genres ont été déposés et soumis à notre jury d’experts. Après avoir examiné toutes les candidatures, le jury d’experts a décidé de soutenir les musiciennes et musiciens suivants pour leurs visions artistiques en leur allouant une contribution «Get Going!» d’un montant de CHF 25’000.- chacun·e. Toutes nos félicitations aux bénéficiaires!

LUCA FORCUCCI

Luca Forcucci ⎥ Photo ©Nicola Noventa


Luca Forcucci est un artiste, compositeur et chercheur. Dans ses travaux, il étudie les relations perceptives entre le son et l’espace, explorant l’inaudible et les aspects cognitifs inhérents aux paysages intérieurs. Cette exploration implique des expériences d’écoute immersive (profonde) dans divers endroits tels que la forêt amazonienne, l’Afrique du Sud, le Ghana, les îles Lofoten et les villes Alpha. En outre, il collabore avec les neurosciences pour mieux comprendre les aspects cognitifs des mécanismes d’écoute. Les processus associés à l’apprentissage automatique comportent des biais et des erreurs, qui découlent de la subjectivité introduite par les humains. En outre, dans le domaine de la musique, ce qui peut apparaître comme des erreurs ne l’est pas intrinsèquement; elles représentent plutôt de nouvelles directions potentielles qu’une œuvre peut prendre. Dans son projet «Not Always Human(s): Landscapes Perception and Architecture», pour lequel il a reçu une contribution «Get Going!», Luca Forcucci se penche sur des questions telles que: Que peut-on attendre d’une architecture sonore lorsqu’on lui applique des connaissances issues de l’apprentissage automatique, de la cognition et des erreurs? Comment de nouvelles expériences peuvent-elles en résulter?
lucaforcucci.com


MONTE MAI

Monte Mai ⎥ Photo ⓒPeter Hauser


Monte Mai est un trio de pop psychédélique fondé en 2020 par la chanteuse Anais Schmidt, originaire de Grenade, et les deux Tessinois Fabio Pinto (guitare) et Fabio Besomi (basse). Le projet pour lequel le trio s’est vu attribuer une contribution «Get Going!» est né d’un besoin d’explorer plus précisément le champ de tension musical entre le Nord et le Sud. Sur le plan esthétique, il s’agit de marier les racines et les influences culturelles de la musique latine et germanique. Le trio souhaite ainsi créer un pont entre la mélodie traditionnelle du répertoire musical italien et les éléments rythmiques de la «musique cosmique» du Krautrock allemand. L’élément contaminant joue un rôle central à cet égard, puisque l’objectif est de faire naître dans cet espace de liberté stylistique un mélange de pop exotique, de «musique cosmique», d’opéra, de jazz et d’électronique.
montemai.com


NICULIN JANETT

Niculin Janett ⎥ Photo ⓒXaver Rüegg


Niculin Janett est compositeur et joue du saxophone ainsi que de la clarinette et de la flûte à titre accessoire. Il compte actuellement parmi les musiciens les plus polyvalents de la scène jazz suisse. Il a ainsi fondé le Niculin Janett Quartet feat. Rich Perry en 2015 à Brooklyn, revisité les standards et le Great American Songbook avec les duos Janett / Schraff et The Sad Pumpkins ou encore combiné jazz et ländler avec le groupe de musique folk (C’est si) B.O.N. En 2021, avec le Niculin Janett Ensemble, il parvient à allier de manière innovante musique folk, jazz et musique classique en une suite de neuf morceaux dans «Rêveries Dansantes». Grâce à la contribution «Get Going!», Niculin Janett pourra profiter pendant trois mois d’un studio de composition à New York pour découvrir d’autres techniques de jeu, élargir son horizon sonore et explorer de nouveaux éléments mélodiques et rythmiques.
niculinjanett.ch


NICK FURRER

Nick Furrer ⎥ Photo ⓒSilvio Zeder


Après quatre albums avec son one-man band «Haubi Songs» et de nombreuses collaborations, l’auteur-compositeur et multi-instrumentiste lucernois Nick Furrer se trouve à un tournant artistique. Il souhaite désormais élargir son univers musical en faisant appel à de nouveaux musiciens et musiciennes. Avec cette envie d’ouverture, il veut briser les stéréotypes, tant sur scène qu’en studio, et ainsi remettre en question les structures et les stratégies d’un groupe. La contribution «Get Going!» permettra à Nick Furrer, qui écrit depuis peu dans plusieurs langues, d’intensifier ses échanges avec des personnes issues de tous les secteurs du business musical et de poursuivre ainsi la réorientation de «Haubi Songs», peut-être en créant un groupe live de multi-instrumentistes.
redbrickrecords.ch/haubi-songs


FRÄULEIN LUISE

Fräulein Luise ⎥ Photo ⓒFräulein Luise


Fräulein Luise est un jeune groupe indie pop de Zurich qui, avec ses morceaux en allemand et en dialecte, réussit à combiner avec brio musique dansante et réflexion sur des sujets de société importants. Le quatuor, composé d’Olivia Merz, de Paula Scharrer, d’Aliosha Todisco et de Paul Studer, n’existe que depuis 2021, mais est rapidement devenu un groupe culte dans le milieu grâce à son mélange endiablé de genres, allant de l’indie à la pop et au jazz, en passant par le rock. La contribution «Get Going!» est un investissement dans l’avenir pour ce groupe, qui pourra ainsi explorer et mettre en œuvre ses idées créatives, mais aussi essayer des choses inédites, dans des conditions proches de celles d’un laboratoire. En tant qu’artistes actifs FINTA, ils profiteront également de ce temps pour développer leur réseau et relancer leur projet de podcast «Störfrequenz», qui traite de la condition féminine sur la scène musicale suisse, dominée par les hommes.
fraeulein-luise.ch


ANNA HIRSCH

Anna Hirsch ⎥ Photo ⓒMaria Jarzyna


La compositrice, musicienne et performeuse bâloise Anna Hirsch fait partie du duo d’Art Pop Fleeb et du quintette de jazz Ikarus. Elle a par ailleurs participé à de nombreuses productions théâtrales et au projet international SOFIA (Support Of Female Improvising Artists). Son expérience diversifiée est désormais le point de départ de son prochain projet baptisé MARIA RIA. Dans ce projet solo, elle souhaite mettre en œuvre ses propres visions artistiques en puisant dans ses expériences passées. MARIA RIA a pour but d’ouvrir en elle et en chacune et chacun de nous un espace à l’insolence, à la vulnérabilité et surtout à l’espièglerie. La contribution «Get Going!» va permettre à Anna Hirsch non seulement de composer et de produire une nouvelle musique, mais aussi de développer, ensemble avec une équipe artistique, une esthétique visuelle qui complètera et élargira sa musique. Cette esthétique se reflètera dans les live shows, dans les mises en scène, les décors, l’éclairage, les tenues, le graphisme et les vidéos.
anna-hirsch.com


CHRISTOPH TRUMMER

Trummer ⎥ Photo ⓒBenedikt Schnermann


Christoph Trummer est non seulement auteur-compositeur-interprète mais également écrivain. Depuis son album «Heldelieder» sorti en 2014, son écriture littéraire est devenue indissociable de son activité de compositeur et de musicien. Qu’il soit question de migration, comme dans «Heldelieder», ou de famille, comme dans «Familienalbum» sorti en 2020, la dialectique de ces deux disciplines artistiques permet à Christoph Trummer d’explorer ses thèmes de prédilection de différentes manières. Il travaille actuellement sur deux projets en même temps, pour lesquels il a reçu une contribution «Get Going!»: «In die Welt kommen» («Venir au monde») est un projet de livre dans lequel il s’inspire de ses expériences de musicien à New York pour questionner ses origines suisses privilégiées. «Glaubensbekenntnisse» («Aveux de foi»), son second projet, s’interroge sur la façon dont les dogmes imprègnent nos vies – en se basant sur des aspects spirituels, scientifiques, politiques, mais aussi émotionnels. Le travail de réflexion sur ce sujet aux multiples facettes sera documentée dans le cadre d’entretiens (podcast) et devrait ensuite aboutir à un livre et à de nouveaux morceaux.
trummeronline.ch

In Memoriam Jean-Pierre Mathez (1938–2023)

Nous avons appris la triste nouvelle du décès de

Jean-Pierre Mathez,

membre de longue date du Conseil de fondation et président de la Commission des requêtes individuelles, qui nous a quitté à l’âge de 85 ans.

Jean-Pierre a été élu au Conseil de fondation en 1996 et l’a quitté fin 2014. Pendant toute cette période, il a également présidé la Commission des requêtes individuelles (aujourd’hui Commission artistique). La Fondation doit beaucoup à Jean-Pierre, et le secrétariat a également pu profiter de ses connaissances et de sa perspicacité.

Un hommage de notre direction lui est rendu sur The Director’s Blog:

EN SAVOIR PLUS